ça y est je peux enfin vous donner des news moi-même

Bonjour tt le monde !!! Merci pour ts vos messages, ça fait vraiment un bien fou ! C'est vrai que cette aventure est extraordinaire, mais il est aussi vrai que les moments durs sont parfois présents... Alors, de lire tous vos messages plein de dynamisme..., ça rebooste à fond !

Mercredi dernier, nous sommes parties avec Emilie, Ogino et Elom, de l'asso, dans un petit village isolé, appelé Missahomé.

LE TRAJET: Avec notre chargement (chaque fois que nous nous déplaçons, c'est littéralement un vrai déménagement...), il faut emmener le gaz, les seaux, des bidons d'eau potables, les mousses pour dormir, nos sacs, à manger... Et c'est dans une voiture taxi que nous chargeons... Le coffre ne ferme pas, les bidons et les mousses sont sur le toit, et nous nous entassons à 4 à l'arrière. C'est parti mon kiki !!! En milieu de chemin, nous devons changer de taxi... Il est très difficile de trouver un taxi acceptant de s'engager sur la route de Missahomé, qui est complètement défoncée... Les prix se négocient, en attendant, nous sommes dehors, avec le chargement, et là pas de bol, il se met à flotter, mais pas trois gouttes comme chez nous... Il pleut à verse, et personne n'a l'air de s'en soucier, la vie continue comme si de rien n'était. Je commence déjà à regretter d'avoir mis mon pantalon blanc aujourd'hui... Enfin, nous trouvons une voiture. Nous chargeons, sauf que cette fois, les mousses ne peuvent être mises sur le toit... Et oui, il pleut. Ogino, Emilie, et l'instituteur, Mr TOSSOU, qui nous accompagne, se voit donc accompagnés à l'arrière, des mousses... J'ai cru qu'ils allaient étouffer avant l'arrivée... Moi, je suis devant sur le siège passager avec Elom, avec d'autres bagages... ça me fait marrer, personne ne se soucie de la voiture, du chargement qu'on lui fait subir, personne ne réagit sauf nous quand la voiture touche par terre... sauf Emilie et moi qui sommes mortes de rire bien sûr...

          ARRIVEE A MISSAHOME: En entrant ds le village, que des huttes. C'est très pauvre. Les gens, dès qu'ils aperçoivent des yovos dans la voiture, nous font coucou, nous sourient, et les enfants se mettent à courir derrière la voiture en chantant "yovo yovo bonsoir ça va bien merci". En sortant de la voiture, première constation impressionnante: il y a plus d'une cinquantaine d'enfants derrière la voiture, et qui nous encerclent, se bousculent pour décharger la voiture... Deuxième constation:... Nous sommes rouges... Et oui, nous avons mangé la poussière de la terre rouge pendant tout le trajet, et nous sommes recouverts de cette même poussière... Je peux écrire sur le dos à Emilie tellement on est sales. Et c'est en définitive un regret total d'avoir choisi mon pantalon blanc aujourd'hui...

TAITEES COMME DES STARS: Nous sommes logés dans un bâtiment en dur appartenant auparavant à un prêtre. Une grande pièce, et une plus petite, notre chambre. Dans la chambre, une fenêtre ave des volets en bois. Dans la grande pièce, 4 grande fenêtre (sans vitre bien sûr, ici ça n'existe nulle part), où viennent se coller d'inombrables visages d'enfants, parfois d'adultes, à l'affût de nos moindres faits et gestes. Il y a une sorte de terrasse couverte à l'entrée. Ici s'agglutinent tous les enfants du village. Ils attendent qu'on sorte et qu'on aille chanter avec eux. Tout le monde connaît déjà notre prénom en moins de deux minutes. Et notre arrivée fait le tour du village en moins d'une demi-heure. C'est alors que commencent les cérémonies... Tous les habitants viennent nous saluer à tous moment de la journée, et j'peux vous dire que ça défile... Tout un rituel se met en place selon la coutume: Les gens arrivent, s'assoient dans les fauteuils. Puis nous disent weyson (=bonne arrivée) en nous saluant, ils nous serrent la main, encore et encore. Puis nous leur répondons "yoooo". S'en suit un silence. Le plus âgé du groupe qui vient d'arriver prend ensuite la parole pour expliquer sa venue. Il demande ensuite la raison de la nôtre au plus âgé de notre groupe. Tt ça en éwé, bien sûr, on ne comprend donc rien, mais tout le monde nous regarde... Gênant. Puis on s'y fait, c'est toujours la même chose, les gens ont appri notre arrivée par un tel et viennent donc nous saluer et nous souhaiter bonne arrivée.
           On peut expliquer cet enthousiasme pour les yovos par le fait que dans ces villages reculés, on n'en voit pas souvent, et les yovos sont alors une attraction, une ouverture vers le monde, une trêve à la routine de leur vie difficile. Pourtant, même en sachant cela, ça n'est pas forcément facile à vivre pour nous. Le fait de ne pas pouvoir aller aux toilettes sans qu'une dizaine de personnes (au minimum) vous fixe des yeux, de ne pas pouvoir faire la sieste (malgré la fatigue), parce que les enfants sont devant votre porte à crier et jouer en attendant que vous sortiez, et ils font tellement de bruit que dormir est impossible, de ne pas avoir d'intimité, même dans notre chambre, certaines petites têtes osent se montrer par la fenêtre, de jamais les rassasier. Malgré nos nombreuses sorties pour danser, chanter avec eux, dès que nous rentrons, personne ne s'en va, sauf pour aller à l'école, c'est à dire à 15h. Mais à 15h, la sieste est finie. Bref, ça n'est pas forcément toujours facile à vivre pour nous. Et j'ai tendance à culpabiliser de me sentir oppressée par tout ça, car ils font tellement tout pour qu'on soit bien, des enfants chopent le balai pour balayer notre terrasse, certains vont nous puiser de l'eau à 2 km pour notre douche... Bref, ils sont si gentils, et malgré tout on n'est pas très à l'aise...

Pourtant chaque sortie sur la terrasse est une joie pour nous. Nous leur avons appris des chansons, et ils nous en ont appri, et j'peux vous dire que quand ils chantent et dansent, ils ne font pas semblant... C'est de la joie à l'état pure.

LE COLLEGE: Si nous sommes allées dans ce village, c'est pour y enseigner dans un collège. Il se situe à 2 km à pied. J'y enseignerais l'anglais, et Emilie les mathématiques et la physique. Nous avons suivi leur cours vendredi matin. Les cours commencent à 7h, mais il faut être présent à 6h45..., pour la levée du drapeau (= cérémonie de l'ouverture des classes). S'en suivent 5h de cours coupées au bout de la 3è heure par une récrée d'un quart d'heure. L'observation dans ces classes fût très enrichissante pour nous. Les élèves sont tellement passionnés, ils participent tous, ils ont envie d'apprendre. Lorsque le sifflet avait retenti (=fin du cours), le prof n'avait pas terminé sa leçon, il s'est donc excusé en leur disant qu'il devait terminer. J'ai alors entendu certains répondre à voix basse, convaincus, c'est pas grave, prenez tout le temps qu'il vous faut. Chez nous, on range souvent nos affaires 5 minutes avant la sonnerie... HALLUCINANT ! L'école n'a pas la même importance pour eux que pour nous. La discipline est aussi impresionnante. Je ne m'y sens d'ailleurs pas très à l'aise. La technique du coup de bâton sur les fesses pour punir me répugne et me choque. J'en ai d'ailleurs parlé ouvertement à mon prof titulaire que je suis. Je l'ai prévenu que je ne pourrais me servir de ça pour rétablir le calme dans la salle. Impossible. Il le comprend, bien heureusement.

L'EAU: L'eau ici est un réel problème. Les femmes et enfants puisent l'eau dans la rivière. L'eau est marron, non potable. Elle a déjà    fait beaucoup de victimes du choléra et fièvre tiphoïde dans le village. De plus, il faut aller la puiser à 2 km. Ce sont les enfants qui y vont après l'école...

CE WEEK-EEND: Nous sommes rentrées à Kpalimé en taxi moto. C'était fantastique. Avec Emilie, moi et le conducteur de taxi sur la moto, les bosses qui me font faire du tape-cul, pas de casque, la vitesse grisante, la végétation qui nous fouette parfois les pieds tellement on passe ras les buissons, et cette impression aussi gênante qu'agréable d'être les miss monde qui sourient et font coucou a tt le monde. Et parfois l'impression d'être au tour de france, quand on passe au milieu d'enfants qui crient et applaudissent. On a fait 20km à moto, J'ADORE CA!!! Ca va me manquer en France.

Je me fais tresser les cheveux cet après midi (samedi). J'ai hâte mais ça va être long. Ce soir on sort dans un bar. On fête le départ de l'autre olontaire qui part mardi. Demain, on repart pour Missahomé pour 2 semaines entières. Donc pas de nouvelles d'ici là.

Maman, j'ai parlé de Bressuire à Elom, il m'a dit qu'il l'avait déjà rencontré et qu'il allait sûrement le rerencontrer bientôt pour parler du colis. Toutes ces idées mûrissent dans sa tête, et il essaie de voir quelle solution est la plus avantageuse. Moi, ma mission est de récolter des bouquins pour ensuite les envoyer dans le colis. L'association a en effet pour projet de créer une bibliothèque mobile. Je fais donc appel à vous tous. Si vous avez des classiques de Candide, Voltaire... dont vous ne vous servez pas, n'hésitez pas à les donner à mon popo et ma moman qui peuvent les stocker avec les autres. Merci à tous et à dans 2 semaines !!!

Comments

[charrier]

avec ton blog nous avons apprécier de vivre votre aventure avec un autre regard. vous ne racontez pas les mêmes choses et c'est bien d'avoir les deux. Nous sommes impatients de découvrir vos nouvelles coiffures. Nous partons à Rome demain matin mais espérons bien vous joindre par msn demain soir. à bientôt et au plaisir de lire le récit de ton expérience de prof d'anglais!

[pao]

Merci poulette pour tous ces commentaires sur ta vie dans ce village! ça fait plisir! Le taxi moto y'aura tjr possibilité de recréer la même chose en France avec mon scoot et dans les p'tits chemins! Je prévois ça! hihi!
Gros bibi Barywhite!
Pîou-pîou

[parents de maïe]

c'est ton bien le plus précieux pour profiter de tout ce qui se propose à toi dans ce pays.
ton descriptif est très interessant pour nous, on arrive à se faire notre petit film. Merci!
on pense bcp à toi .
Denis arrive de la salle des acacias, pour installer pour "les chauves-souris". Eric avait apporté l'enregistrement de votre concert à Cholet, "c'était génial et très émouvant" a dit papa. Je vais demander une copie pour nous.
j'informe Mr Rochard de Bressuire de tes infos sur le projet de l'assoc et de leur envie de prendre contact.
GROS BISOUS de tes vieux.

[Anny]

Bonjour Marie,

Quelle joie de te lire dans le détail, c'est touchant, troublant, etc., etc., etc. et pour tout ça, MERCI!
Deux semaines sans nouvelles, ça va être long, on va quand même essayer de faire sans !
Bon courage et plein de bonnes choses à toutes les deux.
Gros bisous
Anny